Le cinéma Le Trianon, à Romainville en Seine-Saint-Denis, a été pendant de nombreuses années le décor de l’émission « la Dernière Séance » animée par Eddy Mitchell. Reconstruit en 1953 après les bombardements de la seconde guerre mondiale par l’architecte Charles Genêtre, il a été classé à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Avec sa forme de paquebot et ses décors vintages, il programme aujourd’hui des films d’art et d’essai, du patrimoine cinématographique ainsi que le meilleur des films commerciaux. L’an dernier, il a réalisé 68 000 entrées.
Le Trianon défend un cinéma de qualité qui s'adresse à tous, en proposant une programmation riche et diversifiée. Cette programmation est rythmée par des événements tout au long de l'année : rencontres avec des réalisateurs, débats thématiques avec des intervenants spécialisés, ciné-concerts, ciné-goûters, ciné-philos, ateliers... dans une atmosphère de convivialité et d'échange.
Avant tout, Le Trianon poursuit une activité quotidienne de lieu culturel de proximité, ouvert à tous. Spectateur en quête de divertissement ou cinéphile averti, chacun pourra y trouver de quoi satisfaire sa curiosité et son amour du septième art.
Le Trianon, c'est aussi un travail très important en direction des jeunes spectateurs. Au minimum un film jeune public est programmé chaque semaine. Des activités spécifiques sont également proposés au public scolaire : le Trianon est inscrit aux dispositifs nationaux École et Cinéma, Collège au Cinéma et Lycéens au Cinéma, et a créé son propre dispositif, les Classes Image, qui permet des échanges encore plus étroits entre les élèves de Noisy-le-Sec et Romainville, les enseignants et le cinéma, et qui se conclut en juin par le festival Les Enfants font leur cinéma.
Le Trianon organise également des ateliers de pratique et de découverte du cinéma (effets spéciaux, stop motion, film d'animation, bruitage, cascade...) à l'attention des jeunes pendant les vacances scolaires. Toujours en partenariat avec les services des villes et les associations locales, le Trianon met en place des actions de sensibilisation et d'échanges autour du cinéma pour favoriser l'accès à tous les publics : séances en direction des apprenants en langue en française, ciné-philo, ciné-débat...
La Place Carnot à Romainville était déjà à la fin du 19ème siècle un grand carrefour, croisement des routes des communes alentours. C'était un lieu de passage idéal pour y installer un grand café baptisé Trianon de par son architecture et sa position évoquant le royal pavillon de chasse de Versailles. Quand le cinématographe est né, les salles de cinéma n'existaient pas. Les premières projections se faisaient dans des lieux de rencontre et de convivialité, et donc de préférence dans des cafés : "La première fois où j'ai eu le loisir d'aller au Trianon, c'était en 1909, j'avais trois ans et mes parents m'avaient emmenés avec mes soeurs qui étaient plus vieilles..."
Si l'on admet volontiers que l'on ait projeté des films avant, il faut attendre le 11 juin 1929 pour qu'une ordonnance préfectorale autorise précisément l'ouverture d'une salle de cinéma.
Le 18 avril 1944, les bombardements alliés visant la gare de Noisy-le-Sec située à proximité détruisent par erreur le café et le dancing. Le 19 avril, une bombe à retardement détruit totalement le cinéma. L'ensemble des bâtiments n'est plus qu'un tas de pierres. La reconstruction Il faudra attendre 1950, grâce aux dommages de guerre, pour qu'un projet soit mis en oeuvre pour reconstruire le Trianon.
On inaugure le nouveau Trianon, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Dans la configuration des lieux, le cinéma, signe des temps, a remplacé le café, qui rouvrira en 1962, occupant une place beaucoup plus modeste. Le dancing, lui, créé au sous-sol sur les nouveaux plans, n'a jamais été terminé.
En 1983, les villes de Romainville et Noisy-le-Sec décident le rachat de la salle de cinéma à la famille Seigneur afin de protéger localement l'activité cinématographique. Les populations de Romainville et de Noisy-le-Sec sont attachées à cette salle qui semble être implantée là depuis toujours et joue pleinement son rôle de salle de proximité, même si au moment du rachat par les villes, nous sommes très loin d'une programmation relevant du classement "art et essai".
De 1983 à 1998, Le Trianon a accueilli le tournage de La Dernière Séance, une émission télévisée française consacrée aux classiques du cinéma américain et présentée par Eddy Mitchell. Coproduite et réalisée par Gérard Jourd'hui, elle fut inspirée par la chanson homonyme d'Eddy Mitchell. La première diffusion eut lieu le 19 janvier 1982 sur FR3.
Voir un extrait de l'émission La Dernière Séance
En 1997, les deux villes demandent l'inscription à l'Inventaire des Monuments historiques pour protéger le bâtiment. Le Trianon est un des rares cinémas des années 50 encore fonctionnel. La pétition est lancée alors à l'initiative des deux maires (Robert Clément à Romainville et Roger Gouthier à Noisy-le-Sec) qui demande le soutien de la population pour cette initiative ; elle récolte plus de 3000 signatures. En juillet, le Trianon est inscrit à l'Inventaire des Monuments historiques. Le recours à l'Architecte des Bâtiments de France est requis pour toute transformation significative. Le Trianon ne finira pas sa carrière en "building supermarché" comme le chante si bien Eddy Mitchell...
La réhabilitation effectuée (de juin 2011 à mai 2012) respecte l'existant et lui apporte un supplément d'âme en l'embellissant. Le Trianon retrouve le rouge de son enseigne lumineuse et les façades, les couleurs des affiches de cinéma. De nouveaux luminaires mettent en valeur la majesté de ce hall unique qui retrouve son style d'origine avec ses peintures et son enduit. La majestueuse salle est dotée de nouveaux fauteuils et nouveaux rideaux et nouvelles tentures. Un grand écran tout beau, tout blanc apporte un nouvel éclat aux images. Des espaces sont réservés aux personnes à mobilité réduite, 9 places pour fauteuils roulants se rajoutent aux 420 places de la salle. Un nouvel espace, le Petit Trianon, espace pédagogique qui accueille divers ateliers cinéma conforte le Trianon dans son rôle d'éducation aux images. Le Resto'Bar du Trianon qui a ouvert ses portes en septembre 2011 (et qui ne désemplit pas depuis...) apporte encore plus de convivialité au lieu.