Mona vit avec son fils trentenaire, Joël, qui est "en retard". Il travaille dans un établissement spécialisé, un ESAT, et aime passionnément sa collègue Océane, elle aussi en situation de handicap. Alors que Mona ignore tout de cette relation, elle apprend qu’Océane est enceinte. La relation fusionnelle entre mère et fils vacille.
Ce récit foisonnant, qui mêle une quantité impressionnante d’archives et un récit autobiographique, est libre, poétique, polyphonique et porté par le désir d’inscrire ce projet dans une plus vaste réflexion politique. Monté sur des allers et sur des retours, les voix et les trajets se croisent, se répondent et se répètent, les bonds dans le temps laissent les systèmes inchangés. Un grand film de mémoire, face au temps, contre le temps.
Le Monde / Cinéma du réel
Bâti sur un scénario limpide et sans fioriture écrit par la réalisatrice, le film sait trouver la distance idéale entre un sujet naturellement mélodramatique et la nécessité de traiter avec pudeur le handicap sans tomber dans un excès de pathos. En choisissant l’angle de la mère sans pour autant sacrifier la justesse de la restitution du caractère de son fils, Anne-Sophie Bailly montre avec finesse combien "l’anormalité" n’est pas forcément là où on l’attend. En ressort un très beau et nuancé portrait de femme incarnée avec l’énergie qu’on lui connaît par Laure Calamy. Un premier long métrage tonique et très bien rythmé qui rend accessible à tous la sensible question de société du handicap sans être ni scientifique, ni naturaliste, mais juste humain.
Cineuropa
Après le film, rencontre avec la réalisatrice Anne-Sophie Bailly