Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.
Drame intime, comédie burlesque, film noir, thriller, chronique sociétale, Emilia Perez est tout cela à la fois, avec des numéros dansés et chantés en plus. On frôle l’overdose, pourtant, c’est bien l’ivresse qui nous gagne, tant cette œuvre excessive est jouissive et saisissante. Imprévisible, le film ne cesse de surprendre, de nous transporter là où on ne l’attendait pas, d’inviter un kitch almodóvarien dans les instants de tension, jusqu’à nous faire monter les larmes. Entre le romantisme exalté et la rage politique, cet OVNI cannois trace sa propre prophétie où les expressions artistiques surgissent dans le réel pour en sublimer le propos.
Abus de ciné